Sorties de la semaine | 26.11.2025

Derrière la recette iconique, il y a le courage d’une femme.
 

Dans Salut Betty, découvrez l’histoire d’Emmi Creola-Maag, publicitaire suisse des années 1950, qui invente le personnage fictif de Betty Bossi, devenu symbole de la cuisine suisse. Face à un milieu dominé par les hommes, Emmi s’impose, risque tout, et transforme une simple campagne publicitaire en phénomène national.

Réalisé par Pierre Monnard et porté par une Sarah Spale lumineuse, le film juxtapose le succès professionnel à la vie personnelle, avec ses doutes, ses résistances et ses moments de doute silencieux. Il évoque la création, la reconnaissance et la place des femmes dans une époque qui ne leur avait pas encore donné la voix.

Visuellement soigné, tonnelé de nostalgie, Salut Betty séduit autant qu’il questionne : qu’est-ce qu’être une icône quand on reste peu visible ? C’est une rencontre intime avec un bout de l’histoire suisse, un regard doux sur la transformation d’un concept en légende.

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Quand une petite fille découvre un fossile, c’est tout un monde enfoui qui s’ouvre à elle.
 

Dans ce film d’animation suisse, Mary Anning raconte l’enfance de la future exploratrice qui marquera l’Histoire de la paléontologie. On y découvre une jeune Mary vive, curieuse, fascinée par les secrets que la mer dépose au pied des falaises. Le film réinvente son parcours à hauteur d’enfant, en mêlant humour, émerveillement et aventure.

Au-delà du récit biographique, l’œuvre explore la naissance d’une passion : celle de chercher, de comprendre et de se confronter au doute. Mary observe, gratte, fouille… et finit par découvrir des créatures fossilisées qui vont changer sa vie. Le film montre aussi son lien fort avec sa famille, son imagination débordante et la manière dont elle transforme les difficultés du quotidien en élan créatif.

Visuellement, le film propose un style d’animation chaleureux, inspiré des couleurs naturelles de la côte jurassique. Les paysages balayés par le vent, les tempêtes soudaines ou les rochers sculptés donnent au film un souffle d’aventure accessible aux enfants, tout en étant suffisamment subtil pour toucher les adultes.

Les thèmes sont universels : la curiosité scientifique, la persévérance, la place des filles dans le monde du savoir, mais aussi la beauté de regarder la nature autrement. Mary Anning devient ainsi une porte d’entrée ludique vers l’histoire d’une pionnière, tout en offrant un récit dynamique, optimiste et profondément humain.

Un film qui inspire à creuser — littéralement et symboliquement, et qui rappelle qu’une grande découverte peut parfois commencer avec une petite fille qui regarde le sol autrement.

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Quand la liberté surgit du bagne et change tout.
 

Plongé dans la France de 1815, Jean Valjean sort du bagne après dix-neuf années de travaux forcés. Brisé, abandonné de tous, il erre sans but jusqu’à trouver refuge chez un homme d’église, sa sœur et leur servante. Cette rencontre va tout remettre en question : est-il un homme condamné à jamais, ou un homme capable de renaître ?

Réalisé par Éric Besnard, et interprété par Grégory Gadebois dans le rôle-titre, le film revisite les débuts mythiques du héros créé par Victor Hugo. Autour de lui, on retrouve Bernard Campan dans le rôle bienveillant du Monseigneur, ainsi que Isabelle Carré et Alexandra Lamy dans les figures de soutien qui éclairent ce chemin vers la rédemption.

Le film explore des thèmes universels : la déchéance sociale, la colère, mais aussi la possibilité de transformation. Il interroge ce que signifie “être libre” quand chaque pas est regardé, quand chaque identité est marquée. À travers une lumière sobre et un décor historique travaillé, Jean Valjean devient le portrait d’un homme qui choisit de devenir meilleur.

C’est une œuvre à accueillir sans attendre le spectaculaire, mais plutôt un voyage humain lent, profond, qui parle de second souffle, d’espoir et de responsabilité.

Jean Valjean est un film à découvrir pour sa beauté simple, son exigence morale et sa force tranquille, un retour à l’essentiel du récit classique.

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Quand la confiance se fissure, c’est tout le psychisme qui vacille.
 

Dans Vie privée, la réalisatrice Rebecca Zlotowski livre un polar psychologique français porté par Jodie Foster en psychiatre américaine installée à Paris. Lilian Steiner, experte reconnue, voit sa vie professionnelle parfaitement réglée basculer lorsqu’une de ses patientes prétendument suicidée la pousse à croire qu’il s’agit en réalité d’un meurtre. Convaincue qu’il faut creuser davantage, Lilian s’engage dans une enquête personnelle, hors cadre, hors règles, mettant en jeu sa carrière, son équilibre et sa conception de la vérité.

La force du film tient autant à son casting d’exception, avec Daniel Auteuil, Virginie Efira et Mathieu Amalric, qu’à son mélange subtil de tension, d’humour noir et d’introspection. Lilian ne traque pas seulement un coupable : elle fouille l’âme humaine, les non-dits, les ombres du passé et les fissures invisibles de la réalité.

Visuellement sobre, l’œuvre joue sur les silences, les regards et les espaces confinés : l’appartement parisien de Lilian, les couloirs d’hôpital, les enregistrements de séances, autant de lieux où se focalise l’attention, où chaque geste compte. Le film interroge la place du thérapeute et celle du patient, ce qu’on garde pour soi, ce qu’on révèle, et la frontière entre écoute professionnelle et implication personnelle.

Vie privée constitue une invitation à s’enfoncer dans un récit d’apparence simple mais riche de ramifications : un meurtre ou non, oui, mais aussi la quête de soi, la culpabilité et la liberté retrouvée. Ce mélange de polar urbain et de drame intérieur mérite d’être vécu sur grand écran, tant pour sa performance que pour sa mise en lumière des zones d’ombre de l’intime.

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Deux hommes obsédés. Une patronne puissante. L’effondrement annoncé d’un ordre qu’ils ne supportent plus.
 

Dans Bugonia, le cinéaste Yorgos Lanthimos met en scène une intrigue aussi étrange qu’intense : Teddy, apiculteur hanté par les conspirations, et son jeune cousin Don kidnappent Michelle Fuller, la directrice d’une grande entreprise. Convaincus qu’elle est une extraterrestre prête à détruire la Terre, ils l’enferment dans leur sous-sol et imposent un ultimatum absurde : elle aura quelques jours pour avouer, négocier, ou assister à la chute de l’humanité.

Le film joue sur l’absurde et le tangible : les ruines de la folie se construit dans la banalité d’un garage, dans l’écho des abeilles et dans la froideur d’un pouvoir qu’on croyait invincible. Emma Stone dans le rôle de Michelle et Jesse Plemons dans celui de Teddy, incarnent ce basculement entre domination, paranoïa et révélation.

Au-delà du scénario, Bugonia interroge : qu’est-ce que l’aliénation ? Qui détient l’autorité ? Et que reste-t-il quand le modèle économique et social s’effrite sous nos pieds ? Le film, oscillant entre satire virulente et science-fiction sombre, impose un récit où l’humanité paraît à la fois victime et coupable.

Bugonia est un film qu’on n’oublie pas facilement : visuellement audacieux, moralement dérangeant, il n’offre ni confort ni explications simples. Il propose plutôt une plongée dans un chaos signifiant, dans lequel chacun peut se demander : « Et si j’étais le conspirateur… ou la conspirée ? »

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